La Bible : le livre des festins

La Bible : le livre des festins

Depuis les réformes du 16e siècle, la foi en Dieu a pris une dimension cérébrale. Le développement de l’éducation consacre la priorité de la reflexion sur des sens comme le goût et l’odorat. Du coup, notre époque ignore les multiples références bibliques aux festins. Personne ne semble étonné par cette marginalisation. Pourtant les festins constituent le sujet le plus abordé dans les Ecritures saintes, du moins, en nombre de références.

 Or, nous assistions à un retour de l’éthique alimentaire. Il y a désormais bien des principes sur la manière de se nourrir : santé bien sûr, mais également réactions morales face à certaines nourritures. Ainsi, l’élevage industriel et la mise à mort d’un animal crée un rejet éthique pour certaines viandes, voire pour toute nourriture carnée. Or les interdits alimentaires, habitent fortement les textes bibliques. Les motivations de ce temps ne sont pas les nôtres. Mais un voyage dans l’éthique alimentaire biblique nous éclaire dans cette redécouverte récente.

Cet ouvrage comprendra 5 chapitres :

1. La culture du festin dans la Bible. Qu’il s’agisse de la tradition orientale de l’accueil ou du partage convivial, les festins et banquets occupent une place de choix dans les deux testaments. En particulier, la Bible centre les cultes soit sur des festins dont Dieu est l’invité d’honneur, soit sur des banquets, moteurs de la convivialité. Le mot sacrifice utilisé pour décrire le rituel de ces cultes constitue une erreur de traduction. Le rite biblique ne correspond pas du tout au sens que nous donnons au mot sacrifice. Par ailleur, la Bible utilise le langage de l'alimentaire pour exprimer la théologie de manière symbolique. 

2. La théologie alimentaire. Notre époque redécouvre l’éthique alimentaire pour plusieurs raisons. La nourriture n’a plus seulement pour fonction de donner aux humains ce dont ils ont besoin pour vire. Elle reflète une certaine philosophie de la vie. C’est déjà le cas dans la Bible. Nous revisiterons les nombreuses prescriptions et interdits afin d'en découvrir le sens. Il ne s'agit pas de superstitions passées liées à une mentalité archaïque. En les analysant nous décourons leur signification éthique et ils peuvent rejoindre, après transposition, les préoccupations contemporaines. 

3. L’Ancien Testament est traversé par deux utopies. L’utopie nomade, partageant volontiers un mouton ou d’autres viandes. Elle symbolise la liberté de ce petit peuple faible et pauvre. Dieu l’accompagne dans cette errance heureuse. L’utopie agricole, où les végétaux permettent à toutes et tous de vivre sans verser de sang. Elle symbolise la paix pour chacun et chacune, à tel point que même le lion deviendra végétarien. Mais la réalité résiste aux utopies et la Bible le sait bien. Le récit de Noé en témoigne comme le montre notre étude.

4. La cuisine fait de l’humain le co-créateur avec Dieu. Dans la Bible toutes les nourritures utilisées pour le culte sont cuisinées. C’est un travail de création à partir des bienfaits offerts par le créateur. Et Dieu fait l’honneur de participer au banquet et d’y rejoindre son peuple. L'intérêt pour la conjugaison entre spiritualité et cuisine grandi à nobre époque. Or la Bible faisait déjà le lien entre les deux.

5. Jésus, une spiritualité sans privations. A la fin de l’évangile de Jean, Jésus quitte ses disciples en prenant un dernier repas avec eux au bord du lac. Il a cultivé cet amour pour les repas jusqu’au bout. Pendant toute sa vie publique il participe à de nombreux repas de fête. A l’époque de Jésus, les règles alimentaires n’ont plus les motifs éthiques de leur origine. Ils sont utilisés pour exclure ceux qui ne les suivent pas. L’alimentation passe sous contrainte. Ce retournement éthique explique pourquoi Jésus se détache des prescriptions relatives aux repas.  Il nous laisse le rite de la Sainte-Cène qui, dans la Bible correspond à un repas de fête.