Cette méditation se base sur la symbolique du bon vin à déguster. L’apôtre Paul écrit à son ami Timothée (5.23) : Ne bois pas seulement de l’eau. Prend un peu de vin à cause de ton estomac, puisque tu es souvent malade. Et ce verset étonnant du prophète Zacharie (9.17) : Le blé donnera de la force aux jeunes gens, et le vin nouveau en donnera aux jeunes filles.
La Bible parle souvent du vin. Notre réflexion se base sur le texte connu des noces de cana où Jésus a changé l’eau en vin.
Contrairement à notre première impression l’épisode des noces de Cana s’explique facilement. C’est un récit symbolique dans la logique des relations entre les chrétiens et les juifs de ce temps. Les Pharisiens dominent le judaïsme. Leur foi se concentre sur des règles strictes et des rites, entre autre, des rites de purification. Les bassins d’eau destiné à ce rite sont un élément important du décor de cette narration biblique
Lecture : Jean 2.1 à 10
Or les chrétiens vivent des pratiques fondées sur des symboles, tels que le baptême et la cène. Ces gestes reflètent une relation renouvelée avec Dieu, marquée par la joie et la gratitude, symbolisées par le vin, emblème du bonheur et des bienfaits divins partagés en communauté. La séparation avec le judaïsme est inévitable et Jean a rédigé son évangile après cet éloignement réciproque. Du coup, le texte des noces de cana est un des plus facile à commenter.
Pour commencer
Lorsque Jean écrit son évangile les événements ont déjà séparé les chrétiens des juifs. Les pharisiens dominent le judaïsme. Ils développent une spiritualité cérébrale, centrée sur la lecture de la Bible et une foule de règles de toutes sortes. Leur foi est comportementaliste : pour eux, Dieu apprécie certaines pensées et attitudes et en rejette d’autres. Les pharisiens en expliquent les raisons et il faut les suivre.
1 Un texte au message clair
Leurs cultes sont centrés sur l’écoute de la Parole de Dieu, du moins sur la manière dont les pharisiens comprennent cette parole. Leurs cultes n’ont plus le sens des célébrations de l’Ancien Testament. Elles étaient en effet centrées sur la joie de vivre, avec en particulier un repas festif. Ces pharisiens se détournent de cet aspect du culte ancien.
Les chrétiens se distinguent dès le début en pratiquant le baptême et la cène. Ce sont des gestes, pas des paroles, même si, bien sûr des paroles accompagnent ces gestes. Le baptême est unique. Il symbolise notre accueil par Dieu, une fois pour toute. Pas besoin de le recommencer régulièrement. Or, pour les pharisiens, la purification constitue un rite important à pratiquer avant les repas. Des bassins d’eau sont prévus à cet effet.
La cène est un symbole de communion. Il est répété car il soude la communauté. Le mot même de cène signifie repas du soir. Ce rituel est l’héritier direct de la manière dont le peuple célébrait Dieu dans l’Ancien Testament. Le peuple montrait tout simplement à Dieu qu’il appréciait tous les bienfaits crées pour le bonheur des humains. Et le vin, dans la Bible symbolise justement les bonnes choses. C’était une boisson difficile à obtenir et je suppose qu’elle n’était consommée qu’en de rares occasions.
Le langage biblique est souvent symbolique. Les anciens hébreux parlaient avec des images. Pas de longs discours, mais des comparaisons. Ainsi, le vin symbolise par excellence ce qui est bon dans la vie. Le texte des noces de cana ne fait pas exception, bien au contraire.
Que dit-il en fait ? Tout simplement que les rites de purification ne sont plus nécessaires. Nous sommes fils adoptif et filles adoptives de Dieu et le baptême symbolise cela une fois pour toute, inutile de le recommencer sans cesse. L’eau des bassins est devenue inutile. Elle est remplacée par le vin, symbole de la cène. Voilà pour le sens théologique de ce récit.
Dieu a créé les enchantements tous les bienfaits pour que la vie puisse nous sourire.
Le vin symbolise dans la Bible tout ce qui est bon, en particulier bon chez les autres car il est souvent bu en groupe. Et dans les célébrations, il symbolise la présence bienfaisante de Dieu qui partage la cène avec nous.
2 Apprécier les enchantements
La symbolique du vin peut continuer à nous parler de nos jours. Selon un théologien dont je ne me rappelle plus le nom : La vie ressemble à une bouteille de vin capiteux. Certains se contentent de lire l’étiquette. D’autres dégustent le contenu.
Oui, parfois, nous nous contentons de lire l’étiquette et nous mettons la bouteille à la cave pour la laisser vieillir. Plus tard peut-être … Bien sûr savoir attendre, cela nous permet de déguster un vin meilleur. Mais pas systématiquement, cela dépend du vin, seuls certains se bonifient en vieillissant !
Donc repousser les bonnes choses à plus tard, c’est une sagesse mais seulement dans certaines circonstances. En plus, la cave doit être bonne pour permettre un vieillissement de qualité. Et oui, se contenter de lire l’étiquette n’est une bonne chose qu’à certaines conditions, en général il est préférable de déguster le contenu lorsque la vinification a abouti.
Nous nous contentons de lire l’étiquette lorsque nous refusons d’être heureux ! Lorsque nous nous interdisons le moindre plaisir, lorsque nous développons des comportements négatifs dès qu’il est question : de nous-même !
Se contenter de lire l’étiquette, cela arrive souvent. Et à tous. C’est comme si l’on est invité au restaurant par quelqu’un qui veut nous faire plaisir…, et nous prenons le menu le moins cher ! … pour ne pas exagérer… pour ne pas passer pour un profiteur, pour montrer que nous sommes raisonnables, etc. Qui n’a jamais eu, dans son existence, ce genre de comportement.
Alors que la personne n’est pas stupide, elle nous a sans doute invité dans un restaurant dans ses moyens. Et si c’était tout simplement, parce qu’au fond de nous-même, nous avions le sentiment de ne pas mériter un tel cadeau ?
J’ai pris cette image du restaurant, mais chacune et chacun fait à sa manière cette expérience de ne pas avoir, une fois ou l’autre eu le courage de sauter à pied joint dans un bonheur qui se présentait à lui.
Parfois nous pensons faire ainsi plaisir à Dieu, en repoussant les bienfaits de la création. Comme si refuser les bienfaits de la création était un signe de respect pour le créateur !
Or Dieu, au contraire, nous encourage et nous dit : C’est bien, c’est bon… fait-le, vas-y, n’ait pas peur, lève-toi et marche. Dieu a créé les enchantements de l’amour…, la grâce des réussites…, les liesses des bons repas…, la douceur et tous les autres bienfaits pour que la vie puisse nous sourire.
Accueillons ce qui nous est donné…
Aimons et honorons la vie dont nous avons été gratifiés…
Sentons-nous favorisés, justifiés, choyés…
Même si tout ne va pas comme nous l’espérons !
Même si nous traversons des souffrances physiques, morales…, une crise, ou d’angoissantes difficultés.
3 Etre choyé aide à aimer les autres
Ainsi nous pouvons aimer ! Nous pouvons nous aimer. Aimer son prochain, découle de l’amour que l’on a pour sois même, qui ne s’aime pas, ne peut pas aimer l’autre.
Cultiver son propre bonheur permet de contribuer
à celui des autres.
Prendre soin de son propre bonheur permet de mieux s'ouvrir aux autres. En se souciant son propre bien-être, on développe une meilleure compréhension de ses besoins et de ses émotions. Cette connaissance de soi crée un équilibre intérieur, et il se diffuse naturellement vers l'extérieur. Qui est en harmonie avec soi-même, écoute mieux, soutien plus facilement les autres et partage sa joie avec eux.
Le bonheur personnel n'est pas un acte égoïste, c’est une fondation sur laquelle se bâtit notre capacité à aimer et à aider. Qui néglige son propre bonheur, risque de projeter ses frustrations sur autrui, et ainsi d'entraver les relations. En revanche, un esprit serein et épanoui devient un vecteur d'énergie positive. Prendre soin de soi permet donc d'accepter pleinement l'autre, de l'aider avec bienveillance et empathie. Cultiver son propre bonheur permet de contribuer à celui des autres.
Car la volonté de Dieu, c’est que nous soyons… heureux ! Quoi qu’il arrive, et quoi qu’il nous arrive. Lorsque nous en prenons conscience, nous pouvons ouvrir plus facilement la bouteille pour boire ensemble à la vie et à l’amitié au lieu de regarder l’étiquette.
C’est essentiel de ne pas se contenter de lire l'étiquette de la vie, c'est-à-dire de seulement effleurer ses plaisirs et ses enchantements, mais de plonger pleinement dans ce que Dieu nous offre. Accueillir les bonnes choses, apprécier les moments de bonheur, fait partie de la reconnaissance des dons divins. En cultivant notre propre bonheur, nous nous ouvrons à l'amour des autres et à la joie partagée. C'est ainsi que nous honorons véritablement la volonté de Dieu : vivre dans l'amour, la gratitude et le bonheur.
Mais encore
En fait, l'évangile de Jean nous invite à repenser notre relation avec Dieu et avec les autres. Il nous rappelle que les rites extérieurs, bien que symboliques, ne peuvent pas remplacer la profondeur de notre engagement spirituel.
Le passage des noces de Cana, avec le vin en tant que symbole de joie et de communion, illustre l'abandon des rites de purification au profit d'une relation directe et vivante avec Dieu, où chaque geste, comme la cène, nous relie les uns aux autres.