Les évangiles décrivent souvent comment Jésus exerce son talent de guérisseur. Dans le récit de Marc 3.1 à 8 l’évangéliste décrit la réactions d’un groupe de juifs de l’époque pendant un récit de guérison. Les juifs de ce temps attendent une merveilleuse transformation de la société orchestrée par un envoyé de Dieu. Il viendra en quelque sorte personnellement dans notre monde pour en faire le pays du bonheur.
Il y a toujours eu dans le judaïsme plusieurs façons de comprendre la vie et la spiritualité, cela en fait des gens comme vous et moi ! Du temps de Jésus il y avait surtout quatre groupes influents. Celui dont parle Marc dans ce récit, s’appelle les pharisiens. Je traduis le mot pharisien par l’expression : les messieurs « je sais tout ».
Pour commencer: le récit
Marc 3.1 La porte Jésus entra de nouveau dans la synagogue. Il s’y trouvait un homme qui avait la main paralysée.
2 Les yeux Ils observaient Jésus pour voir s’il le guérirait le jour du sabbat: c’était afin de pouvoir l’accuser.
3 La parole Jésus dit à l’homme qui avait la main paralysée: Lève-toi, là au milieu.
4 Le centre du texte Puis il leur dit: Est-il permis, le jour du sabbat, de faire du bien ou de faire du mal, de sauver une personne ou de la tuer? Mais ils gardèrent le silence.
5 Les yeux Alors il promena sur eux un regard de colère et, peiné de l’endurcissement de leur cœur,
La parole il dit à l’homme : tends ta main. Il la tendit, et sa main fut guérie.
6 La porte Les pharisiens sortirent et tinrent aussitôt conseil avec les hérodiens sur les moyens de le faire mourir.
Très clairement, Marc valorise le thème central de son évangile : faire le bien passe avant le respect des coutumes religieuses. Il le dit à bien d’autres endroits encore. Mais il montre également la réaction de ces pharisiens. Cela m’amène à parler d’eux mais aussi à décrire les autres groupes à l’œuvre dans le judaïsme.
Les Messieurs « Je-sais-tout »
Ils prétendent savoir exactement comment il faut se comporter en attendant la venue de l'envoyé de Dieu. Ils expliquent à qui veut l'entendre (et même à ceux qui ne veulent pas entendre) ce qu’il faut faire et ne pas faire. C'est le genre de gens qui disent sans cesse "faites comme moi, moi je, etc.".
Ces gens nous poussent à trouver nuls bien des choses à commencer nous-mêmes et aussi les autres. Ils définissent des centaines de règles à suivre. Il se rencontrent entre eux et ils méprisent tous les autres.
Par contre ils se monquent d'un message de la Bible de ce temps (Notre Ancien Testament) : l’éloge de la liberté, présent dans toute l’Ecriture Sainte. C’est même l’introduction des fameux 10 commandements : C’est moi le Seigneur ton Dieu qui t’ai fait sortir d’Egypte ou tu étais esclave. (Exode 20.2 et Deutéronome 5.6).
A l'époque de Jésus ils s'appellent les pharisiens. Heureusement que ce genre de personnes n'existe plus de nos jours !
Les « no-live »
Il y a quelques années les adolescents utilisaient l'expression c'est des "no-live" pour parler de certaines personnes. Je ne sais pas si cela se fait toujours ? Cela désigne des personnes qui ne vont pas avec les autres, qui se retirent de la société. Il y a déjà des "no-live" à l'époque de Jésus.
Ils vivent dans le désert et y mènent une vie austère. Ils étudient, travaillent, écrivent. Selon eux, ils vivent déjà (en partie) la merveilleuse transformation de la société que l’envoyé de Dieu va établir. Ils seront donc prêts à le recevoir. Selon les évangiles, Jésus n’en a jamais rencontrés et il avait un style de vie très différent. Il accueillait en effet tout le monde, aimait la vie en société et savait passer de bons moments avec ceux qui l’invitaient.
Ils restent entre eux et ils méprisent tous les autres. Ils s’appellent les Esséniens. Heureusement que ce genre de personnes n’existent plus de nos jours.
Les aristocrates de la capitale
Du temps de Jésus il y a des gens riches. Il n'y en a pas beaucoup mais la différence entre la plupart des gens et les quelques riches est énorme. A Jérusalem, ils sont extrêmement conservateurs et veulent que rien ne change.
Ils n’attendent pas une merveilleuse transformation de la société. Ils veulent que rien ne bouge. Pour eux, tout va bien. A l’époque, le centre de la vie religieuse c'est la célébration du culte dans le grand temple de Jérusalem et ces aristocrates vivent de l’argent dépensé au temple. Il y a au moins 150 000 pèlerins chaque année : ils payent les taxes et achètent de quoi manger et faire la fête.
Lorsque Jésus chasse les marchands du temple à Jérusalem, il montre qu’il ne partage pas du tout leur manière de concevoir la foi et la générosité est un thème central de son message spirituel.
Ces aristocrates s’appellent les saducéens. Ils répètent souvent ce verset de la Bible Mange ta nourriture avec joie, bois ton vin de bon cœur car depuis longtemps Dieu approuve ce que tu fais. Ils préfèrent fréquenter les romains aisés plutôt que les juifs pauvres.
D’une manière générale, ils méprisent tous ceux qui ne sont pas comme eux. Heureusement, ce genre de personnes n’existent plus de nos jours.
Les terroristes de la campagne
Quatrième catégorie de personnes : des terroristes. Comme presque tous les autres juifs ils attendent une grande transformation de la société. Mais eux, ils veulent « aider Dieu » à transformer la société, en tuant des personnes qui ne vivent pas comme « Dieu le souhaite ». Il y a les romains, bien sûr et également les juifs qui n’aident pas nos terroristes à vivre.
Ils vivent cachés, sortent la nuit mais se retrouvent aussi en prison. Lorsqu'ils se font attraper, les romains les crucifient. Jésus ne partage pas du tout leur manière de voir. Il a déclaré : Remets ton épée à sa place. En effet, tous ceux qui prennent les armes seront tués par les armes.
Ils doivent évidemment vivre entre eux et ils méprisent tous ceux « qui n’ont pas le courage » de combattre pour « aider Dieu » à rendre le monde meilleur.
Jésus redonne son sens à l’Ecriture
Nous avons vu dans le récit de Marc les pharisiens en colère contre Jésus. Ces messieurs je sais tout, définissent des comportements de surface au lieu de regarder le fond des individus. Ils sont par conséquent à l’opposé du message de l’Ancien Testament, la Bible de leur temps.
Les « no live » Esséniens s’entourent de règles et de privation, comme si refuser les biens de la création était un hommage au créateur. Là aussi, ils tournent le dos au message biblique de leur époque.
Les aristocrates sadducéens méprisent les petites gens alors que tout l’Ancien Testament insiste sur le respect dû aux pauvres et aux faibles.
Enfin les terroristes Zélotes n’hésitent pas à détrousser leurs compatriotes alors que selon la Bible en hébreu chacun doit aimer son frère.
Selon l’Ecriture de ce temps, dieu accompagne un petit peuple pauvre mais heureux. Malgré son existence précaire, Abraham et ses enfants pérégrinent librement, conscients de la précarité de l’existence, ils cultivent la solidarité, la générosité et l’hospitalité. Par la suite, la Bible cherche à pousser jusqu’au bout le projet d’une humanité vivant en paix avec tous les êtres vivants en utilisant le symbole du loup et de l’agneau mangeant ensemble. Voilà pourquoi, Dieu a choisi ce peuple pour se révéler aux humains.
Or les principaux courants du judaïsme que je viens de décrire trahissent la Bible, leur Bible, notre Ancien Testament.
Mais encore
Mais il y a plus : la Bible en hébreu s’est constituée pendant un millénaire. Chaque siècle y a apporté son lot de nouveautés. L’Ancien Testament a toujours intégré les évolutions vécues par le peuple de Dieu. Les Ecritures sont toujours tournées vers l’avenir.
Or les courants à l’œuvre dans le judaïsme des derniers siècles avant notre ère sont tous conservateurs. Alors Dieu a fait irruption dans leur immobilisme. Jésus n’est pas venu pour abolir l’Ancien Testament, il est venu pour lui rendre sa valeur, sa saveur. Jésus a redonné aux écritures leur force en rappelant qu’elles prônent une spiritualité faite de liberté, de paix et de solidarité, bref une spiritualité du bonheur partagé. Amen