L'Avent, le chemin de l'attente
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L'Avent, le chemin de l'attente

La salle d’attente est la plus grande pièce de la maison du bonheur. En fait le temps de l’Avent ce sont les quatre semaines pendant lesquelles nous attendons la venue de la lumière du monde. La naissance de Jésus, lumière du monde est une bonne nouvelle. Une bonne nouvelle c’est une information qui fait du bien. Elle nous fait déjà du bien pendant ce temps d’attente.

Et, d’une manière générale, l’attente d’une joie à venir nous procure déjà un sentiment de bonheur … souvent plus long que la fête à venir. Et cela fait partie de tout ce qui nous fait du bien dans notre vie.

Pour commencer

Nous lisons souvent la dernière partie du livre d’Esaïe pendant le temps de l’Avent. D’abord pour une raison rationnelle. L’évangéliste Matthieu s’est inspiré du prophète dans ses récits de Noël et de l’Epiphanie. Les chameaux des savants venus d’orient, l’or et l’encens, tout ceci était annoncé par le prophète Esaïe, mais surtout il annonce la venue de la lumière dans le monde.

Ensuite il y a une raison existentielle. En effet les derniers chapitres du prophète annoncent un bel avenir au peuple habitant Jérusalem, mais ce temps n’est pas encore là. Le peuple est encore dans la salle d’attente. Cependant, il ne s’agit pas d’attendre passivement ces jours heureux mais de se retrousser les manches pour les faire advenir.

Vous connaissez sans doute l’expression prophète de malheur. Esaïe au contraire est un prophète de bonheur, car les derniers chapitres de son livre annoncent des temps heureux. Cela a encouragé ses compatriotes à construire leur avenir.  

Lire Ésaïe 60.1 à 6

La salle d’attente, plus grande pièce de la maison du bonheur … ce n’est pas une parole biblique mais elle est fort juste.

En effet, le temps de l’Avent c’est cela : quatre semaines d’attente pour 24 h de bonheur, la vie humaine est ainsi faite. Le peuple de Dieu fêtait son bonheur le 7e jour de la semaine, soit pendant une journée. Comparée aux 6 jours de labeurs cela semble bien peu. Mais vivre, ce n’est pas faire la fête tous les jours. Il y a les temps ordinaires, et il y a les jours exceptionnels qui nous remplissent de joie. Une joie pas seulement pour ce seul 7e jour, mais aussi pour les 6 autres car la perspective d’un temps extraordinaire nous aide à vivre les temps ordinaires.

1 Au-delà des jours difficiles

Cela va plus loin. Jacques Attali un brillant intellectuel français a écrit dans un de ses livres, que les sociétés étaient traversées par des turbulences et vivaient également des temps d’équilibre. Mais, ajoute-il, les temps d’effervescences sont plus longs que les périodes de stabilités. Il est un peu pessimiste je trouve. Mais peu importe, il le constate : c’est normal de traverser des moments difficiles et c’est alors une grande aide d’entrevoir un horizon de bonheur.

Dans la troisième partie du livre d’Esaïe, le prophète annonce un avenir illuminé par la bonté de Dieu. Au début du 6e siècle avant notre ère, le roi de Babylone détruit en partie la ville de Jérusalem. Il démolit le temple, construit naguère par le roi Salomon et déporte une partie de la population vers Babylone, une des merveilles du monde antique.

Environ septante ans plus tard, la merveille tombe à son tour. Nombre de déportés retournent alors à Jérusalem, libérée du joug babylonien. C’est le temps de la reconstruction. Mais cela ne se passe pas aussi facilement qu’espéré. Les difficultés sont nombreuses et le découragement guette la population. C’est la raison pour laquelle Esaïe devient un combattant de l’espoir.

Notre vie c’est un Avent continuel,
sans cesse tournée vers la lumière.

Il annonce des temps meilleurs et utilise des images comme par exemple la venue de chameaux chargés d’or et d’encens et bien d’autres choses encore. Bien sûr, il souhaite surtout donner du courage à ses contemporains. Reconstruire c’est long et difficile et cela ne marche jamais comme on veut ! Seul des perspectives d’avenir positif suscitent le désir de devenir des combattants du bien pour le bonheur de toutes et tous.

2 Une aide pour aller vers les temps heureux

Ensuite il exagère un peu : lorsqu’il dit des troupeaux de chameaux te couvriront, c’est bien sûr du langage symbolique. Mais nous en avons besoin. Il nous faut rêver notre avenir pour nous mobiliser au maximum. Nous le savons : nos rêves ne se réalisent pas comme prévus, le langage symbolique n’a pas pour objectif de nous tromper. C’est simplement une aide pour marcher vers les temps heureux.

Et Dieu soutient nos efforts pour construire une vie belle, parsemée de bons moments et peuplée de gens bienveillants. Cela donne toute leur légitimité à nos rêves. A Noël nous aimons entendre des contes merveilleux parce que cela fait du bien de penser au bien ! Les temps heureux, c’est un chemin, pas une ligne d’arrivée. Pour nous stimuler tout au long de cette route nous avons besoins de Noëls (au pluriel), de grandes fêtes de temps en temps et aussi de petits noëls de tous les jours ou presque.

Il n’y a pas de maison du bonheur, car c’est un chemin. Pas de salle d’attente ! Non, c’est un mouvement. Le bonheur c’est d’être accompagné sur le chemin de la vie, entouré par d’autres bien sûr (si possible), et c’est aussi la certitude d’être accompagné par Dieu.

Le temps de l’Avent, c’est la période pendant laquelle nous attendons la venue du Christ, lumière du monde. Nous sommes sûr que la fête va arriver au bout de cette période. Notre vie c’est un Avent continuel, sans cesse tournée vers la lumière. Le vrai Noël est au-delà d’une date qui revient chaque année. Le vrai Noël c’est l’horizon ultime de la vie humaine parsemée des petits noëls qui nous aident à vivre en nous offrant des moments de bénédictions.

L’avent ne symbolise pas seulement une venue qu’il suffit d’attendre. L’avent est un temps dynamique. Il nous pousse à aller vers la naissance de Dieu dans notre monde. Ni les bergers ni les mages n’ont attendu tranquillement la venue d’un monde meilleur. Chacun s’est déplacé. Les bergers franchissent une petite distance et les mages viennent de loin : les moutons ne voyagent pas comme des chameaux. Mais tous se sont bougés.

3 Le monde meilleur c’est la vie

Vous allez peut-être me dire que tout le monde bouge comme pas possible pendant cette période. Elle n’est pas vécue comme une attente sereine d’une belle fête mais comme un hyper activisme pour que tout soit le plus parfait possible pour ne pas dire le plus clinquant possible. Au lieu d’attendre nous devenons hyper actifs. Au risque de ne pas profiter du bonheur procuré par la joie de la fête à venir.

Ni les bergers ni les mages n’ont fait naître le Christ.
Ils sont partis pour le rencontrer.

Face à cet ouragan d’excitations multiformes restons tout simplement des être humains. Nous n’avons pas la responsabilité de construire un monde parfait. Nous avons à cheminer vers un monde meilleur. Nous n’allons pas réussir la fête la mieux conçue de notre existence. Heureusement, car sinon nous n’aurions plus aucune amélioration à apporter. Et, l’an prochain, nous serions privés de ce chemin pendant lequel nous posons avec espoir des jalons pour une belle fête. Nous serions privés de la vraie salle d’attente : le chemin qui nous rend si heureux.

Ni les bergers ni les mages n’ont fait naître le Christ. Ils sont partis pour le rencontrer. Nous ne pouvons pas créer nous-mêmes la lumière de Noël. Contentons-nous de marcher vers elle, sans stress mais avec beaucoup d’espérance, source de bien des délices.

Qu’ont-ils trouvé au bout de leur marche, nos personnages bibliques. ? Un enfant. La venue d’un monde meilleur se réduit à une naissance. Oui, le monde meilleur tant attendu c’est tout simplement la vie. La vie qui apparaît obstinément au milieu de la nuit.

Mais encore

Des nuits et des nuits d’obscurités et de malheurs enveloppent le monde depuis que la vie existe. Mais le miracle de la vie continue résolument à annoncer le bonheur. Dieu nous envoi la vie au milieu de la nuit, symbole du bonheur malgré nos obscurités et celles du monde. Mais il ne s’agit pas de l’attendre passivement la venue du bonheur. Les bergers et les mages se sont bougés et ils ont trouvé une vie en devenir. Pas un bonheur qui tombe du ciel mais un potentiel de vie à transformer en bonheur.

Ce n’est pas le bonheur kitsch des films de Noël, ni le bonheur parfait, des décorations préparées à la demie bougie prêt ! Le bonheur, c’est accepter l’existence de la nuit, nous n’allons pas la supprimer mais nous pouvons l’éclairer. Dieu propose de nous tourner obstinément vers la vie, si fragile en apparence mais si forte en réalité.

Le bonheur est aussi délicat mais aussi brillant que les flammes de l’Avent. Il n’est pas dans la salle d’attente. Il est sur le chemin de l’attente éclairé d’une simple bougie mais avec Dieu comme fidèle compagnon de toute.