Dieu voit le meilleur de nous même

Dieu voit le meilleur de nous même

Les trois premiers évangiles contiennnent un résumé des plus importantes valeurs à respecter. L'évangéliste Luc met cette synthèse dans la bouche d'un homme performant. Sa vie est irréprochable mais cela ne lui suffit pas. Il demande à Jésus comment recevoir la vie éternelle. En d’autre mots il souhaite vivre pour toujours avec Dieu, même et surtout, après sa mort.

Pour commencer

Selon l'évangéliste Matthieu Jésus fait de ce résumé la base d'une vie respectant les valeurs venant de Moïse, le fondateur du judaïsme et il n'ajoute rien d'autre. Selon Marc, Jésus félicite un personnage pour qui, suivre ces valeurs passe avant la soumission aux rites de l'époque. Chez Luc, nous avons l'impression que Jésus utilise ces valeurs pour critiquer l'attachement à la richesse.

Lire Luc.18 à 23

Dans les deux autres évangile, il n'est pas question d'argent. Et, dans l’évangile de Luc, quelques versets après la rencontre avec cet homme riche, Jésus s’invite à manger chez un autre personnage, fort riche lui aussi (Luc 19). Tout content, notre homme propose spontanément de donner la moitié de ses biens aux pauvres. Et Jésus de lui répondre : aujourd’hui le salut est entré chez toi.

Cet homme, Zachée, est une sorte de maffieux. Il rackette la population pour le compte de l’occupant romain. Bref Jésus félicite un maffieux qui donne la moitié de ses biens aux pauvres. Quel contraste avec la demande de Jésus à l’homme riche quelques versets plus tôt qui doit tout donner aux pauvres. Pourquoi Jésus fait-il deux poids deux mesures et pourquoi ne parle t-il pas d'argent dans les deux autres évangiles (Matthieu 22,34 à 40 et Marc 12,28 à 34).

En fait, j’ai longtemps été aveuglé par mon impression immédiate : d’emblée j’ai pensé : cela tourne autour de l’argent. Or au début du dialogue, il n’est pas question d’argent mais de comportement social. Notre homme respecte la morale de son temps depuis sa jeunesse. Rien à voir avec Zachée notre petit maffieux.

1 Devenez le meilleur de vous-même

Un jour j’ai vu une pub disant devenez le meilleur de vous-même. En voilà un beau programme. Quel effet cette pub fait-elle sur nous ? Peut-être disons nous : pourquoi, je ne le suis pas encore le meilleur de moi-même ? Ou alors : oui, c’est vrai, il faudrait que je fasse des efforts pour devenir meilleur. Culpabilisation sournoise, devenez le meilleur de vous-même, sous-entendu : vous ne l’êtes pas !

Cette pub roule sur du velours : la culpabilisation générale véhiculée par notre société. Eh oui, vous n’êtes pas assez performant, pas assez beau, pas assez efficace et, en parallèle vous vous devez d’être heureux. Car le bonheur, c’est le nouveau dogme de notre époque. Donc soyez heureux, malheur à vous si vous ne l’êtes pas ! Et quel malheur si vous n’êtes pas le meilleur de vous-même.

Oui, vous devez toujours être en pleine forme. Travailler avec ardeur sans compter vos heures et en même temps être disponible pour vos enfants, votre conjoint, vos parents, vos amis, le club de ceci, l’association de cela, aller vite mais sans polluer, être en famille le week-end mais aussi à la déchèterie, et profiter du temps libre (que vous n’avez pas) pour réfléchir aux votations et tout ceci c’est lorsque vous êtes dans une période calme de votre vie. Je ne parle pas des périodes où vous vivez d’éventuels problèmes !


Sois heureux tel que tu es, sans te préoccuper d’être toujours meilleur

Bravo d’y parvenir, l’homme qui demande à Jésus que dois-je faire y parvient lui aussi. Il le dit : Depuis mon enfance je respecte tout ce que je dois faire. Eh oui, dès le début du dialogue c’est évident : il pratique tout ce qui est demandé à un homme bien de ce temps. C’est le gendre dont toutes les mamans rêvent. Il est bien sous tous rapport et en plus, il est riche, comme cela les papas seront d’accord avec leurs épouses. Que demander de plus !

Eh oui, que demander de plus ? Pourquoi notre homme si bien sous tous rapport, reconnu socialement comme le gendre idéal, demande à Jésus Que dois-je faire ? Il est insatisfait. Pourquoi n’est-il pas satisfait d’être riche et apprécié de tous ? Parce qu’il y a en lui, un désir d’être mieux, d’être parfait, de devenir le meilleur de lui-même !

Alors Jésus y va à fond. Vends tous tes biens.

Ça va pas, non ! Personne ne ferait cela. Pourquoi Jésus demande-t-il à notre homme de faire quelque chose d’impossible. Parce qu’en échange il aura, je cite : des richesses auprès de Dieu ? Mais qui va courir ce risque ? Personne bien sûr.

2 Pourquoi être encore meilleur ?

Jésus pousse notre homme dans ses derniers retranchements. Il veut provoquer un choc. En fait notre homme ne doit pas seulement distribuer sa fortune. Il doit se demander : pourquoi est-ce que je veux être encore meilleur.

Jésus le pousse à se débarrasser de tout ce qui l’encombre, pas seulement sa richesse financière. Mais aussi ce qu’il croit être sa richesse intérieure C’est-à-dire le fait d’être au top à tout point de vue, mais ce n’est pas une richesse intérieure, ce n’est qu’une richesse sociale. Il veut à tout prix être conforme aux stéréotypes de son temps. Et ce désir encombre sa vie. Jésus l’invite à se libérer de ce qui encombre sa vie, de ce à quoi il tient tellement, au point que cela l’empêche d’être heureux.


Dieu voit en vous, ce qu’il y a de meilleur

A nous aussi la société présente une image du bonheur. Cette image s’impose à nous partout. C’est ce que j’appelle le bonheur cocotier. Dans un hamac, au bord d’une plage paradisiaque, en train de siroter un bon cocktail bien frais.

Oui nous avons une image statique du bonheur. Lorsque nous aurons enfin réussi à être le meilleur de nous-même nous serons arrivés, nous serons heureux. C’est comme notre homme qui espère vivre avec Dieu pour toujours, définitivement, avoir une rente de bonheur à vie.

Cette image du bonheur sans vague est tout simplement une illusion. Notre vie n’est pas lisse et sans histoire. Jésus bouscule notre homme car le bonheur ce n’est pas une réalité statique. Le bonheur est une dynamique. Jésus dit à notre homme : bouge-toi, sort de ton monde, de tes illusions de tes représentations. Tu cours après des chimères. Sois heureux tel que tu es. Sans te préoccuper d’être toujours meilleur.

3 La quête du bonheur avec Dieu

La Bible montre comment des femmes et des hommes vivent leur quête de bonheur, avec Dieu comme principal allié. Oui la quête du bonheur est absolument légitime. Mais la Bible nous invite à ne pas nous tromper de bonheur. Elle ne présente pas un bonheur kitch sous les cocotiers. Elle montre des humains aux prises avec la réalité de leur vie.

La Bible ne dit pas : devenez le meilleur de vous-même ! Non. Elle dit : Dieu voit en vous, ce qu’il y a de meilleur. Laissez exploser le potentiel de bien qui se trouve déjà en vous.

Dieu a créé les humains à son image et il a dit : c’est une très bonne chose (genèse 1 verset 31). Il n’a pas dit : les humains performants sont une très bonne chose. Il n’est pas écrit dans la Bible : les humains seront une très bonne lorsqu’ils seront devenus le meilleur d’eux-mêmes. Non, selon la Bible Dieu dit : les humains sont une très bonne chose,  point . Puis Dieu leur souhaite d’être heureux et d’embellir cette terre avec de bonnes choses.

Et encore :
Dieu sait ce qu’il fait

Dieu sait très bien ce qu’il fait. Valoriser ce qui est bien dans l’humain, c’est bien plus efficace que de le pousser à faire toujours mieux. Oui, si nous nous sentons bien, nous avons bien plus d’énergie pour travailler à notre bonheur et pour lutter afin d’offrir du bonheur aux autres.

Rien n’est plus efficace pour le bonheur du monde que d’inviter chacun, chacune, à libérer tout le bien qu’il a en lui. Il s’agit d’aider les humains à faire exploser la bienveillance pour tous et toutes.

Amen